Ce mardi 1er février, une tribune signée par 1400 scientifiques est parue sur le site franceinfo. Ils se plaignent de la piètre qualité du débat démocratique sur les questions écologiques.
Qui a signé ?
Parmi les signataires, on trouve nos plus éminents climatologues : Valérie Masson-Delmotte, François-Marie Bréon (qui a collaboré avec le Réveilleur Rodolphe Meyer). On trouve aussi de nombreux climatologues moins connus, ainsi qu’une foule de scientifiques de toutes les disciplines de l’écologie et de toutes sortes de sciences.
Parmi ces scientifiques, il y a des membres du GIEC et des membres du Haut conseil pour le climat. Le nombre de signataires est élevé, d’autant que les scientifiques s’expriment assez peu dans le champ politique et médiatique.
Que nous disent les scientifiques ?
Alors que l’écologie intéresse les Français, alors que la France s’est déjà réchauffée de 1,7°C et que les effets s’en font déjà sentir sur nos récoltes, nos scientifiques regrettent la grande faiblesse du débat démocratique sur le sujet. Non seulement les questions écologiques apparaissent peu, mais lorsque le sujet est traité, c’est sous la forme de débat caricaturaux et stériles !
La tribune cite en exemple le débat qui oppose les pro-nucléaires aux anti-nucléaires. Ce débat mérite d’exister, bien sûr, et nous en parlons, mais il occupe tout l’espace des débats énergétiques. Il occulte la décarbonation des transports, du chauffage et de l’industrie (1). De même, les scientifiques regrettent que les alertes les plus sérieuses sur l’état de l’environnement ne soient pas distinguées du militantisme radical ou des discours exagérément catastrophistes.
A faible débat faible démocratie
Pour les scientifiques, ces simplifications sont une « prison intellectuelle » qui empêche le bon fonctionnement de la démocratie. C’est d’autant plus gênant en période de campagne présidentielle.
Les scientifiques ne demandent pas l’impossible. En effet, ils réclament un débat à la hauteur des grands bouleversements en cours, qui couvre toutes ses facettes. Comment baisser rapidement nos émissions de gaz à effet de serre ? Peut-on sortir du pétrole suffisamment vite ? Comment s’adapter au réchauffement climatique, aux canicules ? Et qui fait les efforts en premier ? Sur qui faire porter la contrainte ? Quelle politique pour un numérique sobre ? Quelle diplomatie mondiale pour l’écologie ? Voilà quelques-une des questions que les scientifiques souhaitent voir abordées.
Un vrai débat ?
Les scientifiques voudraient que le débat présente les différentes options qui s’offrent à la France pour atteindre ses objectifs. Plusieurs trajectoires sont possibles, il s’agirait de pouvoir les comparer. Ainsi, leur conclusion est la suivante :
« il est plus que jamais essentiel de pouvoir délibérer sereinement sur les alternatives, les opportunités et les contraintes des différentes options envisagées, en cessant de déconnecter les choix techniques et les dimensions économiques, sociales, territoriales. Pour cette raison, les électeurs et électrices ont besoin de connaître les propositions des candidats et des candidates à l’élection présidentielle, et leurs conditions de mise en œuvre. »
Plus que jamais, nous avons besoin d’un meilleur débat sur les questions écologiques. A notre mesure, nous espérons y contribuer.
(1) On peut préciser que la hausse du prix de l’électricité ainsi que la publication d’un grand rapport de l’opérateur énergétique RTE ont constitué une forte actualité sur le sujet de la production électrique.