Citoyenne responsable et militante engagée, Anaëlle choisit les causes environnementales qui lui semblent justes. Anaëlle a suivi les travaux concernant le gaz de couche en Moselle. Aujourd’hui elle s’implique aussi pour créer des liens inter-associations et organise des chantiers de plantation de haies.
1) Bonjour Anaëlle. Qu’est-ce que le gaz de couche ou de houille ?
Le gaz de couche est le gaz retenu prisonnier dans les couches souterraines de charbon.
Il est à différencier du gaz de mine. Sur le plan physique, c’est le même gaz, mais le gaz de mine apparaît spontanément dans les anciennes mines de charbon. Son extraction est facile et pas immédiatement nocive pour l’environnement.
Alors que pour le gaz de couche les techniques sont invasives et risquées. Ce sont les mêmes méthodes que pour exploiter le gaz de schiste : des techniques non-conventionnelles qui induisent des impacts sur les nappes phréatiques, les sols et le dérèglement climatique.
2) On risque de manquer de gaz prochainement. Peut-on raisonnablement se passer du gaz de couche ?
Je comprends les critiques, d’ailleurs je pense aussi qu’on ne peut pas s’opposer à tous les projets. Il y a un rapport coûts/bénéfices à peser. Dans le cas du gaz de couche, les questions préalables à toute exploitation sont les suivantes. Est-ce qu’on sait extraire ce gaz correctement, et dans des quantités commercialisables ? Est-ce qu’on accepte de mettre en péril notre eau potable pour un résultat en gaz aléatoire ?
Il serait plus pertinent de financer des vraies solutions d’avenir. Ce gaz est une énergie fossile. Une fois le gisement épuisé, le problème de manque se pose à nouveau. Avec d’autres militants, nous avons publié à ce sujet une tribune intitulée « Au nom de la guerre en Ukraine, ne ressortons pas tous les projets gaziers enterrés ! »
3) Nous vivons le début d’une crise énergétique et toutes les énergies ont leurs inconvénients… Ne devons-nous pas faire des compromis ?
Je transpose la situation dans une image plus parlante : la salle de bain est inondée et on nous propose d’éponger l’eau avant d’avoir refermé le robinet !
Et si on commençait par supprimer ou réduire ce qui n’est pas nécessaire ? Les panneaux publicitaires lumineux, les éclairages des commerces… En parallèle on avancerait sur l’isolation des logements… Nous devrions faire un vrai point sur nos besoins.
On est dans une fuite en avant, et nos fausses solutions d’aujourd’hui seront nos problèmes de demain. Pourtant on peut mener sur le même front la bataille énergétique, la crise financière, la crise environnementale et biodiversité, avec les mêmes solutions.
Concrètement un arbre fait le même effet que les climatiseurs. Avec plus d’arbres, nous aurions moins besoin de clim’, moins besoin d’extraction de métaux pour l’électronique, et ce sera moins coûteux pour un meilleur cadre de vie, moins bruyant, avec plus d’oiseaux et moins de moustiques ! (rires)
On peut aussi faire ses produits ménagers. Tout se fait avec quelques ingrédients. En faisant cela, nous aurions moins de bidons plastiques et plus de place dans le placard. En plus d’une économie substantielle, il y aura moins de perturbateurs endocriniens, et ces produit seront meilleurs pour la santé. C’est sûr que ça nécessitera plus d’huile de coude mais d’un autre coté, on aura des bras plus fermes qui nécessiteront moins de salle de sport (rire).
4) Il y a beaucoup à faire pour protéger l’environnement. As-tu d’autres projets en ce sens ?
Évidemment, c’est usant d’être dans la contestation contre le projet de gaz de couche ! J’aimerais vraiment que le permis d’exploitation soit refusé et que les bénévoles puissent travailler sur des chantiers constructifs pour le territoire. A titre personnel, je travaille sur la réimplantation de haies et de vergers en organisant des chantiers participatifs.
5) Finalement, la solution ne serait-il pas de faire un nouveau choix de société ?
La tournure de la question n’est pas bonne car elle induit quelque chose d’impersonnel ou de subi. Arrêtons de nous déculpabiliser en attendant des mouvements des entreprises, de nos élus, ou de notre voisin….
Je pense qu’il y a une prise de conscience de plus en plus importante. Bon… il y a encore un peu de chemin à faire pour ceux qui jettent leurs déchets dans la nature ou les mégots dans de l’herbe sèche en période de sécheresse.
Malheureusement il y a encore trop peu de personnes qui passent à des actes concrets, parce qu’ils n’ont pas encore mesuré le bénéfice que les changements peuvent leur apporter et perçoivent ces mutations comme des contraintes ; alors que c’est un réel gain de qualité de vie.
En espérant que les chenilles comprennent qu’elles ont le potentiel de devenir papillon…
C’est à vous de choisir, à vous de savoir comment vous voulez vivre.
Crédit photo : photos personnelles, pixabay