Clément Sénéchal, porte-parole climat de Greenpeace France, a donné un très bon entretien au magazine Frustration. Il y explique en quoi réélire notre président actuel serait une bien mauvaise idée, et même une catastrophe pour l’écologie.
Climat disparu
Clément Sénéchal dit que « l’espace public des démocraties occidentales n’est pas configuré pour traiter correctement l’enjeu climatique ».
En effet, l’espace public est « saturé par la marchandise, la publicité, et par le divertissement ». La société du spectacle, dans laquelle nous baignons, n’arrive pas à parler climat, car ce sujet est « trop anxiogène », « trop technique » et « se prête mal au scoop ». La lourdeur du sujet climat, son ampleur politique et philosophique, ne sont pas compatibles avec la frivolité médiatique. D’autant que « de grands actionnaires qui n’ont pas intérêt au changement » possèdent nos médias.
Les politiques – et Macron – aux abonnés absents
Clément Sénéchal explique que les politiciens « donnent l’impression d’une prise en charge factice » ou « donnent le spectacle du mensonge et du renoncement permanent ». Un indice ? Emmanuel Macron a pris le temps de rendre hommage à Jean-Pierre Pernaut. En revanche, il n’a pas réagi à la publication du dernier rapport du GIEC…
Alors, sans disparaître tout à fait, le problème du climat bascule dans une « dimension parallèle »…
Emmanuel Macron fonde sa présidence sur le « greenwashing » : faire croire qu’il agit pour l’écologie, alors que pas du tout. Clément Sénéchal dit la cruauté, et même « l’aspect criminel » de ce greenwashing. « Cette approche laisse les populations se faire piéger par le changement climatique, au moment où il serait encore temps d’agir pour éviter le pire ».
Pour Clément Sénéchal, la réélection d’Emmanuel Macron serait « la démonstration d’un grave dysfonctionnement institutionnel et démocratique ».
E. Macron fait semblant
Ne pas désespérer
Le prote-parole de Greenpeace France rappelle que pour nos scientifiques, « nous savons ce qui se passe, avec une grande précision » et « il n’est pas trop tard pour contenir la hausse des températures et limiter ses impacts ».
Clément Sénéchal insiste sur le fait que nous sommes une « une espèce douée de la faculté d’agir ». C’est « notre organisation sociale actuelle », fondée notamment sur les énergies fossiles, qui est en cause. Alors il s’agit d’utiliser efficacement notre « faculté d’agir » pour « faire jaillir un nouveau monde social ».
Pour ce grand objectif, nos armes sont notre engagement, notre capacité à gérer la conflictualité et en définitive « notre sens moral ». Aussi « quand bien même la moitié du monde serait devenue inhabitable, il faudra se battre pour l’humanité ».
« Changer l’ordre économique »
Pour Clément Sénéchal, « la dépolitisation néolibérale a ravagé la planète en laissant l’accumulation capitaliste hors de contrôle ». Ainsi, « la crise environnementale disqualifie l’essence même du capitalisme ». Il ajoute : « il est illusoire de croire que nous pouvons engager une production respectueuse de l’environnement quand les investisseurs réclament une rentabilité à deux chiffres ».
Clément Sénéchal explique « qu’il faut changer l’ordre économique » et « démontrer une solidarité universelle ». Mais ce ne sera pas avec Emmanuel Macron…
Pour aller plus loin, l’article original de Frustration magazine et les 6 ennemis de l’écologie.
Crédit photo : Clément Sénéchal