Nicolas Martin enseigne la musique à des enfants dans les écoles élémentaires. Trouvant absurde le monde autour de lui, il a écrit « Non à la France à la dérive, en finir avec la lâcheté et les reniements ordinaires » (Editions de Paris, Max Chaleil, 18 €).
1) Bonjour Nicolas, quelles sont ces aberrations que tu dénonces dans ton livre ?
Nous vivons dans un monde « hyper connecté » complètement déconnecté. Quand on a besoin d’apprendre ou d’être informé, on est diverti ou leurré. Quand on veut de la qualité on récolte du toc et du toxique. Quand on donne son avis, on est ignoré… L’État s’altère, les médias merdoient, l’art s’égare et l’école coule. Toutes les sphères qui constituent notre société sont abâtardies. Elles ont comme triste point commun la perte de leurs finalités principales et de leurs qualités originelles. Elles brillent par leur virtualité. Comme des voitures qui ne roulent plus… de vraies épaves.
De la pensée sans réflexion, De la télévision sans culture, De l’école sans enseignement, De l’art contemporain sans art, De l’État sans pouvoirs, De la nutrition sans nutriments, Du pays sans paysans… Nous vivons dans un village-fantôme, au milieu d’hôtels sans tenanciers, de magasins sans étalages et de jardins d’enfants sans enfants. Nous circulons sur une autoroute sans sortie, bordée de brise-vues infinis cachant une nature agonisante. Un paysage publicitaire géant flanqué de jolies filles qui diffusent des messages creux en exhibant des sourires complètement fabriqués. Un road movie qui offre le spectacle navrant d’un univers ravagé par le vide, encore le vide et toujours le vide.
2) Tu penses que l’écologie est instrumentalisée à des fins différentes de la protection de la nature. Lesquelles ?
Le développement durable sature le paysage médiatique. Il accapare et canalise le débat politique aux dépens des problématiques sociales. Une overdose de vert qui contraste étrangement avec l’absence de mesures concrètes pour élever le niveau de vie de l’homme. Un truc pas normal, pas logique. Comme si le respect du vivant, de l’air et de la terre était dissocié du bien-être de l’homme.
Pour « sauver la planète », on commence à bien connaître la recette. Mais pour sauver ce qui permet à l’homme de vivre honorablement (la sécu, l’hôpital public, le SMIC, le CDI et les retraites), on attend toujours les slogans, les formules magiques et les tirades moralisatrices sur des « petits gestes simples » qui pourraient « sauver les pauvres ». L’éco-citoyen c’est bien, mais le citoyen tout court, on s’en contrefout !
La promotion du développement durable et la carence d’informations sur les raisons de la paupérisation en France camouflent la voracité du système économique et politique en place. Le capitalisme financier, supranational et spéculatif, ne peut pas être assoupli. Il ne peut pas être respectueux de la vie, tout comme le loup ne peut pas être végétarien. Les suprariches, les énormes corporations, les maîtres du monde et leurs armadas d’avocats, de lobbies, de relais médiatiques et d’élus (en attente de retours d’ascenseur) ne veulent pas abandonner leurs acquis, leurs intérêts et leurs pouvoirs. Ils dominent confortablement et sont partout. Semences, agroalimentaire, automobile, chimie, pharmacie, énergie, numérique, banques, foot, armes, béton, industrie, téléphonie, médias, grande distribution… Ils dirigent le monde et se foutent pas mal de nos petites vies et de la nature qui entoure nos villes ou nos villages. Ils l’exploitent jusqu’à l’os. Ils spéculent sur les arbres, la terre, notre santé, nos vies… Rien ne peut les arrêter : aucune morale, aucune supplique, aucune négociation, aucune « conscience écologique citoyenne »… À quoi bon vouloir tout verdir. Un tank vert reste un tank.
Cette opération écologique « citoyenne » est une arme ridiculement inadaptée face aux géants industriels et aux arcanes du pouvoir qui les soutiennent. Elle n’est que diversion. C’est se faire l’idiot utile du système ultra-libéral que de vouloir favoriser toujours plus le durable, le raisonnable, le responsable, l’équitable, le non-jetable ou le recyclable, car, même avec de la craie pour adoucir sa voix et de la farine (bio bien sûr) pour blanchir ses pattes, nous avons toujours à faire au carnassier. Si aucun bon berger ne se décide enfin à prendre son fusil, il sera toujours là, à l’affût.
3) En quoi les classes populaires et l’écologie s’opposent-elles ?
La nouvelle religion de la « question écologique » soulève de plus en plus de réserves et de critiques. Autrement dit, elle commence à en gonfler prodigieusement certains. Éco-contribution par-ci, éco-participation par-là, taxes sur l’électricité et taxes sur le carburant, jouets plus chers avec la loi anti-gaspillage, taxe sur la viande… C’est surtout la fiscalité verte qui provoque la colère. L’écologie donne l’impression désagréable de servir d’alibi à la taxation généralisée des Français pour remplir les caisses d’un État aux abois. Elle agite, de façon obscène et hystérique, le fanion de l’urgence climatique et des fléaux à venir à grands coups d’ouragans, de slogans anxiogènes et de filmographies catastrophistes pour justifier toujours plus d’impôts. Du coup, ça gronde dans les chaumières. Marre d’entendre que c’est au petit peuple de financer la transition écologique alors que certains grands groupes pistonnés ne payent pas d’impôts en France et se gavent sans pitié.
Marre d’être un mauvais élève. Marre d’être infantilisé. De retour de l’école, nos enfants nous sermonnent sur nos habitudes insuffisamment écologiques. Marre de devoir se comporter de façon plus responsable alors que des entreprises se payent des séances d’écoblanchiment pour se fabriquer une image trompeuse de responsabilité écologique. Marre de payer la taxe carbone alors que l’essentiel des sites industriels qui émettent le plus de gaz à effet de serre en sont exonérés. Marre de subir les hausses de prix à la pompe alors que les compagnies aériennes profitent d’une niche fiscale et ne payent pas de taxes sur le kérosène. Marre d’être une vache à lait.
Rappelons également que la « réflexion écologique » est un militantisme de luxe que s’offre plus souvent le bobo citadin, le bourgeois et la star. On n’a pas tous le temps et les moyens de se le payer. Celui qui n’a pas grand-chose à manger, qui a du mal à se loger et à se chauffer se préoccupe peu du sort de la planète. Quand il a du mal à boucler ses fins de mois avec un SMIC ridicule, il a d’autres chats à fouetter.
4) Et sur la démocratie ? Ne sommes-nous pas dans une démocratie authentique ?
Nous sommes manipulés par une propagande de masse fondue dans le langage médiatique et politique ; nous sommes dépossédés d’un panel d’informations plurielles par l’unanimisme quasi intégral de tous nos grands médias ; nous sommes privés de notre droit souverain à gouverner par l’assujettissement de la France à l’UE ; nous sommes éduqués à l’ignorance par une école et une télévision qui servent d’autres objectifs que ceux de notre émancipation ; nous sommes gavés comme des porcs avec des divertissements infantilisants et abrutissants ; nous sommes divisés, isolés et individualisés en tous les domaines. Ajoutons également que nous sommes engloutis par une révolution numérique au potentiel de manipulation, de surveillance et de traçage phénoménal.
Nous sommes sidérés, culpabilisés, infantilisés par des discours anxiogènes dans une société désormais à deux vitesses qui accorde des libertés à certains (les citoyens) et en refuse à d’autres (les non-citoyens) ; nous sommes apeurés par une implacable succession d’états d’urgence et nous sommes matraqués, tabassés et éborgnés par des forces de l’ordre de plus en plus incontrôlables.
Le doute n’est plus permis. Le déferlement totalitaire s’impose à nous et la récurrence des lois liberticides promulguées ces dernières années ne fait que le confirmer.
5) Selon toi, que faut-il faire ?
La guerre engagée contre nous par des élites frappadingues n’est pas perdue d’avance. Pas de défaitisme. Certaines logiques de bon sens, certains réflexes combatifs, récemment redécouverts en nous, peuvent à nouveau se déclencher et se propager à d’autres. Avec les nostalgiques du CNR de jadis, les partisans du Frexit, les sympathisants Gilets jaunes et tous les récalcitrants qui s’opposent à l’arbitraire de la politique sanitaire, exigeons, le retour de notre souveraineté dans tous les domaines, de notre droit à vivre dignement et de nos libertés publiques et individuelles. Refusons massivement la dictature de Bruxelles, la dictature des grands groupes et de la haute finance, la dictature sanitaire et numérique, la dictature du vide… si tant est qu’on puisse les dissocier les unes des autres. Repoussons ce mondialisme dément qui viole et qui vide toutes choses de ses valeurs, de son intelligence, de sa beauté, de son innocence, de son authenticité, de son identité et de son âme. Réanimons les zombies.
L’anesthésie qui paralyse nos dispositions à penser le monde, n’est peut-être que temporaire et le besoin vital de se réveiller, imminent. Des étincelles, comme celle de la montée du prix du carburant en novembre 2018, peuvent nous réveiller. L’obligation vaccinale pour les enfants ? La hausse des tarifs de l’énergie ? Les motifs ne risquent hélas pas de manquer.
Beaucoup de gens respectables se battent déjà contre ce chaos imposé. Ils tentent de secouer les consciences. Des profs, des policiers, des journalistes, des blogueurs, des artistes, des scientifiques, des parents ou des militants qui œuvrent courageusement pour extirper leurs diverses assistances de ce coma. L’enjeu, c’est d’unir tout ça. Mouvement politique ? Grève générale ? Révolution pacifique ? Boycott général ?… Le rapport de force, quelle que soit sa nature, est inéluctable. Qu’importe nos obédiences et nos allégeances, reconnectons-nous autour d’une grande alliance, un grand NON.
Merci Nicolas !
Non à la France à la dérive _ Nicolas Martin – YouTube
Edit : Pour aller plus loin, le passage de Nicolas Martin sur la chaîne de droite TV Libertés