Dans un livre très court, Coralie Delaume fait le résumé d’un immense problème. On a retiré au peuple français sa souveraineté. Plus précisément, la souveraineté a été « transférée », et transférer sa souveraineté, c’est y renoncer.
Démocratie étiolée
Pourquoi le problème est-il immense ? Parce que la souveraineté est un prérequis de la démocratie. Cela signifie qu’en perdant notre souveraineté nous avons perdu notre démocratie. Pire : la démocratie est devenue impossible.
À qui notre souveraineté a-t-elle été offerte ? À l’Union européenne, à des technocrates non élus, à des bureaucrates. À des institutions qui se veulent indépendantes, comme la banque centrale européenne, et qui sont surtout hors de portée de la volonté populaire. Aux marchés financiers, aussi, aux forces de l’argent. Bref, le peuple français n’a plus la main. D’ailleurs, le Portugal, l’Italie ou encore la Grèce ont le même problème.
Nous retenons cette phrase :
Souveraineté nationale d’une part, souveraineté populaire de l’autre. (…)
La première est la condition de possibilité de la seconde.
Rompre avec l’ordre juridique européen
Il y a là quelque chose que ne veulent pas comprendre les partis politiques qui veulent l’Europe ou qui prétendent la changer. Que ce soit la République en Marche d’Emmanuel Macron, ou Europe Écologie les Verts. En réalité, par nature, l’Union européenne est un grand marché dérégulé. Une petite mondialisation insérée dans la grande. Un royaume du capital liquide.
C’est ainsi que le peuple français ne peut rien face aux délocalisations, à la privatisation et à la mise en concurrence des services publics, au libre-échange. En effet, tout ceci ne relève plus de notre souveraineté populaire.
Aussi, si nous voulons relocaliser, si nous voulons des services publics de bonne qualité, si nous voulons un protectionnisme écologique, nous devons impérativement nous libérer des contraintes européennes et revenir à de traditionnelles coopérations internationales. C’est nécessaire. Notre souveraineté – et donc notre démocratie – est en jeu.
Hommage
Nous rendons hommage à Coralie Delaume, décédée d’un cancer en 2020. Nous remercions ses proches d’avoir contribué à la publication posthume de ce texte, petit mais tellement pertinent.
Coralie Delaume, préface Natacha Polony, postface Yves Michalon, Michalon éditeur, 85 pages. 9,50 €.